5-6 déc. 2024 Paris (France)

Archiver les savoirs de la collecte à l'usage

 

 

L’infrastructure de recherche en information scientifique et technique CollEx-Persée développe un programme à vocation nationale consacré aux archives scientifiques. Dans ce cadre, deux journées d’étude inaugurales sont organisées sur le thème : « Archiver les savoirs : de la collecte à l’usage ». Chercheurs et professionnels de la documentation sont invités à une réflexion commune autour de la production des archives de la recherche, de leur usage, et des services et outils à offrir pour les insérer dans des projets de recherche. La valorisation scientifique, y compris dans un esprit de transmission de la science vers la société, sera aussi abordée. Ces journées seront également l’occasion de dégager les spécificités des approches des bibliothèques dans la prise en compte de ce matériau.

Ces journées se tiendront les 5 et 6 décembre 2024 au Muséum national d’histoire naturelle, à l’auditorium de la Grande Galerie de l’Évolution (Jardin des Plantes, Paris).

Il sera également possible de la suivre à distance en visiconférence par Teams en vous inscivant :

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On note ces dernières années, un fort intérêt pour les archives scientifiques, ou archives de la recherche, entendues comme l’ensemble des documents, ressources et objets, quelle que soit leur forme (papier, audiovisuelle, numérique...), reçus ou produits lors d’un processus de recherche ou permettant de le documenter. Cette attention nouvelle s’est manifestée par le biais de nombreuses publications, journées d’étude ou séminaires sur le sujet. Le souci de conserver les fonds de personnalités scientifiques éminentes, dans une perspective parfois exclusivement patrimoniale, a longtemps dominé et masqué les besoins de valorisation et d'exploitation de la grande masse de ces archives scientifiques, qui constituent souvent des gisements endormis. Il a fallu attendre les travaux de repérage et de rédaction de guides des sources des années 1990 à 2000[1], puis l’intérêt pour les pratiques effectives de la recherche dans une optique d’anthropologie des savoirs, pour que surgisse la question des archives scientifiques dans leur matérialité (lieux de conservation, support, typologie...). Plus récemment encore, la problématique des archives numériques, ou encore l’ouverture de la science et la gestion des données, invitent les chercheurs à réfléchir au devenir de leur production documentaire.

Ces évolutions interrogent aussi les pratiques adoptées par les professionnels qui en ont la charge. Archivistes et bibliothécaires sont en effet issus de cultures professionnelles dans lesquelles les approches du document sont traditionnellement différentes. Or, les liens qui existent entre bibliothèques et communautés de recherche, de même que la proximité entre archives scientifiques sous forme numérique, et données de la recherche, expliquent l’investissement des bibliothécaires sur ces questions, mais aussi le besoin de rapprocher leurs pratiques de celles des archivistes. De fait, depuis une vingtaine d’années, l’hybridation des métiers est pressentie, voire souhaitée, par une partie de la profession[2].

Ces journées permettront donc de questionner la nature et le statut de ces archives et de proposer des exemples de situation en France ou à l'étranger. Le présent appel souhaite susciter des propositions d'interventions selon 3 axes :

 

  1. Le chercheur, l’institution et l’archive : enjeux scientifiques, juridiques et méthodologiques de leur constitution et de leur usage

On cherchera d’abord à analyser le rapport des chercheurs avec les archives : produites par les chercheurs eux-mêmes ou récoltées dans l’exercice de leur activité, ces archives sont une source pour le travail de leurs successeurs et peuvent être objets d’étude en elles-mêmes. Comment sont-elles constituées, collectées, exploitées, conservées ? Quel est leur statut ? Par ailleurs, les données de la recherche suscitent beaucoup d’attention dans le contexte actuel de la science ouverte. Si les archives et les données de la recherche ne sont pas nécessairement des objets différents, les deux termes dénotent des différences d’usage, d’objectif et de point de vue qui seront observées à l’aune du cycle de vie des données et des besoins évolutifs des chercheurs à chacune de ses étapes.

 

  1. L’outillage méthodologique et technique des archives de la recherche

L’usage et l’exploitation des archives sont radicalement modifiés par les technologies numériques et notamment l’intelligence artificielle, les méthodes computationnelles redéfinissant en profondeur les questions de recherche et les connaissances que les chercheurs peuvent tirer des fonds d’archives[3]. Comment faire en sorte que les processus et les outils soient adaptés aux questionnements spécifiques des chercheurs ? Comment, en retour, ces outils vont-ils modifier leurs interrogations et leurs pratiques ? Comment susciter une compréhension collective de ces outils par des chercheurs et des professionnels aux profils variés ?

 

  1. Les réseaux d'acteurs autour des archives

La prise en charge des archives scientifiques fait souvent intervenir plusieurs acteurs, à de multiples échelles – entre le chercheur lui-même ou l’entité déposante, l’institution dépositaire au niveau local, ses partenaires éventuels et les instances nationales. Les fonds complexes ou hybrides peuvent être déposés en plusieurs temps et en plusieurs lieux. Cet écheveau souvent peu lisible peut susciter des incompréhensions, d’autant plus que la valeur reconnue à ces archives entraîne parfois des pratiques concurrentielles entre dépositaires potentiels. Comment accompagner les chercheurs dans un environnement institutionnel et juridique généralement complexe ? Comment coordonner un réseau d’acteurs pour mieux prendre en compte les besoins des déposants mais aussi des futurs utilisateurs ? Comment assurer leur formation ? Quels dispositifs et quels outils utiliser pour reconstituer virtuellement des fonds épars ?


[1] Thérèse Charmasson, Les Archives des scientifiques, XVIe-XXe siècle, Guide des fonds conservés en France, Paris : Editions du comité des travaux historiques et scientifiques, 2008.

[2] Voir l’article de Tomy Lemoine, « Archivistes et bibliothécaires : vers une fusion des compétences ? », La Gazette des archives, n°257, 2020-1, p. 239-252, ainsi que la bibliographie antérieure citée dans l’article.

[3]  Christian Henriot, Cécile Armand. « En finir avec les Humanités Numériques : Penser les SHS avec les algorithmes ». Beyond Digital Humanities: How computational methods are reshaping scholarly research, Cécile Armand, Aix-en-Provence, 2023.

 

 

Modalité d'accès

Les journées d'étude seront en format hubride :

- L'entrée à l'auditorium de la Grande Galerie de l'Evolution est gratuite sur inscription depuis ce site.

- Les journées d'études peuvent également être suivies à distance après inscription :

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Comité scientifique

  • Sophie Bouffier, professeure d’histoire grecque, Aix-Marseille Université, Présidente du conseil scientifique de CollEx-Persée (2018-2023).
  • Gaël Clément, professeur de paléontologie, Muséum national d'Histoire naturelle.
  • Catherine Désos-Warnier, conservateur en chef des bibliothèques, Bibliothèque nationale et universitaire.
  • Benoît Epron, professeur en Sciences de l’Information, HES-SO, Haute École de Gestion, Genève.
  • Ghislaine Glasson Deschaumes, directrice de la MSH Mondes.
  • Fatiha Idmhand, professeure en études hispaniques et humanités numériques, Université de Poitiers (ITEM, UMR8132), coordinatrice adjointe du Consortium-HN ARIANE (Huma-Num).
  • Élise Lehoux, chargée de valorisation de la recherche, La Contemporaine.
  • Julie Lauvernier, directrice du département ressources et données – Humathèque.
  • Clément Oury, directeur adjoint des bibliothèques du Muséum national d'Histoire naturelle, Paris.
  • Philippe Rygiel, professeur d’histoire contemporaine, École Normale Supérieure de Lyon.
  • Judith Soria, cheffe de projet préfiguration du programme « Archives scientifiques » de CollEx-Persée.
  • Pierre-Paul Zalio, président du Campus Condorcet.
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